dimanche 12 janvier 2014

FAUCHÉ PAR UN CAMPING-CAR QUI FAISAIT DEMI-TOUR


Le 27 juin dernier, un jeune motard de 20 ans perdait la vie fauché par un camping-car qui faisait demi-tour dans la côte de Frotey-lès-Vesoul.

La moto s’était encastrée dans l’accastillage du camping-car. Photo d’archives ER

 
 
 

Il voulait rallier le Val d’Ajol. Huit jours plus tôt, ce conducteur néerlandais d’un camping-car de 8 m de long y avait séjourné en descendant avec son épouse pour un périple dans l’Hexagone. Le matin du drame, il est parti de Marseille à 10 h 30 et avait renseigné la destination dans son GPS. Sauf que sur le contournement de Vesoul, il rate la bretelle du Val d’Ajol via Luxeuil. « 200 m plus loin il veut faire demi-tour, une idée dramatique et mortelle », dira à l’audience correctionnelle du tribunal de Vesoul, hier, le juge Kato. « Un motard arrivait qu’il percute de plein fouet ».

Gaylord Gaechter, un jeune homme de 20 ans, périra pendant son transport à l’hôpital de Vesoul. Il n’a rien pu faire pour éviter le mur de l’engin de loisirs qui lui barrait la route. Pas une trace de freinage, pas une manœuvre d’évitement. C’était tout simplement impossible, imprévisible.

Me Bouvier, l’avocat de la famille du défunt, a fait preuve d’une démarche très humaine. Plutôt que de s’acharner sur le conducteur de 63 ans, absent des débats car il est au chevet de son épouse, il s’est mis à sa place dans l’habitacle du camping-car. Une démarche où l’on entend le GPS dire : « Si possible faites demi-tour » lorsque le prévenu rate la bretelle. Et l’heure qui avance avec une journée de route avalée depuis Marseille. Une épouse avec déjà un traitement lourd. La fatigue et l’envie de se poser dans ce camping qu’il avait trouvé si agréable.

Sûr qu’il n’a alors pas vu, ou n’a pas voulu voir cette ligne continue qui sépare la chaussée lorsque l’on passe à hauteur du Sabot de Frotey, dans la côte éponyme de la RN 19 qui serpente en direction de Lure. « Il n’a vu la moto qu’à trois ou quatre mètres quand il s’est engagé ». Aussi, il était très difficile d’entendre les arguments de la défense, obligée de faire son travail et de fournir des pistes techniques pour atténuer la responsabilité de son client.

« PROCÈS EN SORCELLERIE DU MOTARD »

Ainsi, a-t-il été relevé que le jeune homme n’avait pas le droit de piloter la machine. Un Triumph Street triple qui développe 106 ch « alors que son permis probatoire ne lui permettait de piloter qu’une machine de 34 cv ». Hors sujet, dira le parquet. « Il n’est pas prouvé que la vitesse était excessive ni que la puissance de la machine ait eu un impact sur l’accident. Il ne faut d’ailleurs pas inverser les responsabilités. Il y a demi-tour sur une ligne blanche, soit un manquement à une obligation de prudence et de sécurité ». Fermez le ban, clôturera sèchement Mme Skrobala au registre de ses réquisitions, qui souhaite six mois de prison avec sursis pour le prévenu.

Me Goffin Van Aken, du barreau de Strasbourg, remplira pourtant sa tâche en matière de défense. Et envisagera toutes les hypothèses. « Que la moto a peut-être voulu dépasser le camping-car » quand elle l’a vu déboîter. Insoutenable pour la famille du jeune homme, qui n’est évidemment pas en capacité d’entendre la distance technique portée par la voix d’un avocat. C’est pour elle « un procès en sorcellerie du motard » comme s’en fera le relais Me Bouvier.

En attendant les intérêts civils, le tribunal a prévenu de six mois de prison avec sursis le conducteur, peine assortie de 1.000 € d’amende. Le parquet voulait l’annulation du permis en vertu de la réciprocité des sanctions européennes.

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